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22.06.2018

La technologie Web Light pose t-elle un vrai problème ?

Récemment, beaucoup de webmasters ont découvert dans la nouvelle Google Search Console (la version bêta) un nouveau filtre permettant de connaître la part des recherches en provenances de pages Web Light.
Sauf que beaucoup n’avaient jamais entendu parler de Web Light auparavant ! Il faut dire que pour ceux qui n’ont pas de sites ciblant l’Inde ou l’Indonésie, il est assez peu probable que vous ayez été confrontés à cette technologie.

Le filtre « Web Light » sur la nouvelle Google Search Console version bêta

Mais qu’est-ce que Web Light exactement ?

Web Light, la solution inventée par Google pour l’internet mobile 2G

Web Light est une technologie que Google a lancé il y’a déjà plusieurs années. Elle a été testée et mise au point en Indonésie.
Le principe de Web Light, c’est de prendre une page web normale, et de la « transcoder », c’est-à-dire d’en modifier le code pour l’alléger afin qu’elle devienne plus facile à télécharger sur un téléphone accédant à l’internet en 2G.
Nous sommes habitués au réseau 3G, 4G/4G+ et même 5G dans les pays développés, mais dans beaucoup de pays émergents comme l’Inde, le Brésil ou l’Indonésie, l’accès à internet sur mobile passe toujours par des réseaux si lents que des pages web « classiques » ne sont pas utilisables sur un smartphone.

Les performances de Web Light d’après une présentation de Google

Cette technologie est embarquée sur le navigateur Chrome, et le navigateur Android. Elle ne s’active que sur un dispositif de type « téléphone connecté », pas sur desktop ou tablette, même avec une connexion 2G.
Concrètement, quand une url est appelée et que la connexion est détectée comme lente, l’url est redirigée sur une page « transcodée » hébergée sur le domaine googleweblight.com. Certains d’entre vous ont peut être été intrigué par la découverte de ce referrer dans vos statistiques de web analytics, maintenant vous saurez de quoi il s’agit.

Ironiquement, même les pages AMP sont susceptibles d’être transcodées dans les pays où le transcodage est activé.

Web Light, une solution critiquée

Si cette approche permet des performances fortement améliorées, c’est au prix de compromis violents : le transcodage enlève de nombreux scripts, les CSS, change le code HTML, notamment les menus et les éléments de navigation. Le résultat est souvent une page dont le contenu reste lisible, mais dont l’apparence est fortement altérée : la présentation de la page apparaît même souvent comme « cassée ».
Le transcodage des formulaires web est également souvent désastreux : le résultat, c’est que certains sites internet deviennent inutilisables en moode Web Light, notamment des sites marchands ! Cela signifie que la version « allégée » de la page ne convertit plus… Il n’est pas toujours possible de s’en apercevoir, car beaucoup de trackers ne fonctionnent plus sur Web Light, même Google Analytics voit certaines fonctions être désactivées.
Un certain nombre de gestionnaire de bannières ne sont pas compatibles avec la technologie Web Light, ce qui veut dire que les revenus publicitaires peuvent être lourdement impactés, voire tomber à zéro. Le nombre maximum de publicités affichées est par ailleurs arbitrairement fixé à 3.

Une page du Huffingpost « transcodée » : l’apparence est « brute », la page n’est pas cassée mais les publicités ont disparu…

Bref, Web Light est une solution qui a de nombreux défauts, et qui a soulevé de nombreuses critiques dans les pays émergents.
Or Web Light est activé par défaut. Si vous ne souhaitez pas que la page soit transcodée, il faut ajouter une directive « Cache-Control: no-transform » dans l’en-tête http des pages web. Ce qui peut s’avérer un challenge pour un webmaster qui ne connait pas bien la technique.

Google modifie mes pages sans mon autorisation, et me fait perdre des revenus, est-ce grave ?

Aujourd’hui, la part du trafic transcodé en Web Light dans les visites d’un site Français est en général si faible que l’impact réel est négligeable ou nul : il s’agit notamment de trafic généré par des internautes basés en Inde ou au Brésil.
Mais si par contre, vous avez un site qui cible des visiteurs Indiens ou Indonésiens, alors il vous faudra tenir compte de Web Light dans votre stratégie digitale. Le reporting doit tenir compte de cette source de trafic, et il vous faudra sans doute créer des pages légères pour smartphones et ajouter la directive « no transform » pour optimiser vos conversions.
Bref, si beaucoup se sont émus en découvrant le filtre Web Light dans la Search Console, il faut relativiser : ce n’est pas nouveau, c’est marginal, mais c’est intéressant d’avoir la donnée et de savoir à quoi cela correspond.
La page de support de Google sur Web Light

Mathieu Chapon